Vous avez dû le constater (ou alors vous vivez en autarcie), depuis quelques mois, le combat féministe est revenu au centre des débats. Harcèlement, viol, inégalité des salaires… plus que jamais, l’égalité homme-femme est remise en question. Toutes ces affaires reprises par les médias ont au moins un point en commun : elles se déroulent dans un cadre professionnel.
Dans une époque où le monde du travail est en pleine transition, où les start-up conquièrent notre économie, « l’american dream » à la française est fortement présent.
Mais alors, qu’en est-il des femmes ? Quel est le rôle de la femme dans l’entrepreneuriat ?
Les préjugés constituent des barrières psychologiques à l’entrepreneuriat féminin
Ce n’est pas une surprise, il existe aujourd’hui moins de femmes entrepreneures que d’hommes et ces chiffres peinent à décoller. Pourtant, ce ne sont pas les encouragements qui manquent : réseaux d’accompagnement de femmes entrepreneures, prix mondiaux… Le fait est que lorsque l’on pense « femme entrepreneure », on pense aux obstacles, au sexisme ordinaire, à la vie familiale et toutes ces idées préconçues qui découragent les femmes souhaitant entreprendre.
Qu’en est-il réellement ? TSM Consulting est allé à la rencontre de Samar Mhamdi et Juliane Woaye-koi, deux entrepreneures, afin de connaître leurs visions de la femme entrepreneure et, au passage, casser quelques clichés.
« Je suis une femme et je créée »
Samar Mhamdi a 26 ans. Elle est diplômée d’un Master en économie-gestion et a intégré une promotion D2E (diplôme étudiant-entrepreneur créé par l’organisme Pépite France). Son projet consiste en la création d’un nouveau concept : un appartement de remise en forme remplaçant les salles de sport classiques. L’objectif est simple : que les femmes puissent venir faire du sport tout en étant dans un lieu de détente. Il s’agit d’un projet 100% féminin : imaginé par une femme pour les femmes.
Juliane Woaye-koi a 22 ans. Elle est diplômée de l’ENSEEIHT en tant qu’ingénieur agronome, spécialisée en agroalimentaire. Son projet est de proposer une bière artisanale sans sucre, sans glucides et réduite en calories.
Les deux jeunes femmes rêvaient d’indépendance, de liberté. Créer selon leurs propres règles, travailler dans une entreprise qui respecte leurs valeurs, voilà ce qui les a poussées à entreprendre. Lorsqu’elles parlent d’inspirations, de modèles, c’est celui des parents qui ressort sans hésitation :
« Je sais que j’ai toujours voulu créer mon entreprise, en partie car mon père avait créé sa propre activité. Je l’ai toujours vu comme un business man, cette image m’a toujours fait rêver. »
« Je voyais ma mère, expert-comptable, comme une working girl. Elle travaillait beaucoup, rentrait à pas d’heures et j’ai toujours voulu être un peu comme elle, être une femme d’affaires. »
L’envie d’entreprendre serait donc aussi liée à l’éducation, aux influences qui rythment nos vies au quotidien : « Quand je regarde des films avec des working girls, qui partent tous les matins au travail bien habillées, ça me vend du rêve, je me dis que j’adorerais être comme ça. »
Alors qu’autrefois les influences de nos grand-mères étaient les films à l’eau de rose, où les femmes étaient considérées comme des « ménagères », les héroïnes de la jeune génération sont des « working girls », symbole de réussite sur tous les plans. Le regard des hommes envers l’entrepreneuriat féminin reste compliqué. Cela s’exprime par un manque de prise au sérieux ou d’intérêt envers certains projets, ou par des remarques déplacées.
Cependant, Samar et Juliane affirment qu’il n’existe plus de distinction entre entrepreneuriat féminin et masculin. En effet, la problématique des femmes dans l’entrepreneuriat a été prise très tôt ce qui a permis de réduire toute inégalité. « La problématique majeure est d’abord celle d’entreprendre ».
Contrairement aux idées préconçues, être une femme dans l’entrepreneuriat n’est pas nécessairement un handicap, bien au contraire.
L’entrepreneuriat féminin, une réalité entourée de clichés
Quant au cliché insinuant qu’il est difficile pour une femme de concilier entrepreneuriat et vie familiale, il s’avère partiellement vrai. Le fait est que cet adage s’applique de la même façon pour un homme, qui a lui aussi une vie sociale et familiale à gérer. Il est bien résolu le temps où la femme s’occupait de tout à la maison. Aujourd’hui, le partage des tâches est le maître mot de la vie familiale.
De nombreuses femmes ne s’identifient pas au stéréotype de la femme entrepreneure, ce qui peut causer des barrières psychologiques. On l’imagine jeune, indépendante, dynamique et sûre d’elle. Dans la réalité, il n’en est rien. Il est évident et démontré que tout le monde peut entreprendre à n’importe quel moment de sa vie. « Tant qu’on veut vraiment le faire et qu’on s’investit, on peut. ».
Malgré tout, les femmes se lancent moins dans l’aventure que les hommes. Dans la promotion de Samar, elles sont seulement 10%. Selon elle, les femmes se mettent des barrières et ont plus tendance à peser le pour et le contre que les hommes, qui seraient plus téméraires, avant de se lancer.
Dans les ateliers auxquels participe Juliane, les jeunes femmes se mettent souvent en groupe avec un homme, surtout lorsque leur domaine d’activité (nouvelles technologies) est considéré comme « masculin ». La présence d’un homme à leur côté leur permettrait-elle de gagner en crédibilité et d’éviter les freins dus aux préjugés sur l’entrepreneuriat féminin ?
Mesdames, lancez-vous !
« Il y en a qui font dans le cliché mais beaucoup d’autres qui sortent de ces clichés ».
Les conseils de deux entrepreneures à des femmes désireuses de le devenir : « Il faut qu’elles osent, il faut se lancer. Il ne faut pas qu’elles aient peur. Il faut qu’elles s’ouvrent, qu’elles aillent vers les autres, créent du réseau, qu’elles s’affirment en tant que femme entrepreneure. C’est une force aujourd’hui d’être une femme. On a une manière de penser différente et je pense qu’elles doivent affirmer ce statut de je suis une femme et je créé. ». Alors mesdames, vous l’avez compris, il n’y a pas de raisons pour ne pas se lancer !
Le saviez-vous ?
L’État a mis en place un réel plan d’action afin d’augmenter le pourcentage de femmes entrepreneures. De nombreuses associations soutenant l’entrepreneuriat féminin existent. Des réseaux d’incubateurs et pépinières d’entreprises dédiés à des projets féminins se sont développés en France. Quant à l’accès au financement, le dispositif Fonds de Garantie à l’Initiative des Femmes créé par l’État avec France Active, facilite l’obtention de prêts bancaires par les femmes chefs d’entreprises. Chaque région propose enfin un accès à l’information sur les dispositifs d’aide existant, les concours ouverts aux femmes ou encore les réseaux féminins.
Ce plan d’action prend place dès l’éducation. Les établissements scolaires enseignent de plus en plus tôt entrepreneuriat et encouragent les élèves à se lancer dans leurs projets. Dans l’enseignement supérieur, de nombreux dispositifs sont mis en place pour donner le goût d’entreprendre aux étudiants. Le D2E, diplôme étudiant-entrepreneur créé par l’organisme Pépite France accompagne les étudiants dans leurs projets avec des ateliers sur l’entrepreneuriat, un accès gratuit et illimité à des bases de données et un accès à un espace de co-working.
Aussi, les Junior-Entreprises poussent les étudiantes et étudiants, avant la fin de leurs études, à apprendre et pratiquer la vie en entreprise. Au sein de la Junior-Entreprise de Toulouse School of Management, TSM Consulting, les femmes sont bien représentées et à des postes à responsabilité : au Bureau 3 personnes sur 4 sont des femmes, dont une Présidente, et au Conseil d’Administration 5 responsables sur 9 sont des femmes.
Ce genre d’initiatives sensibilise les futurs travailleurs à l’égalité homme-femme dans le monde du travail.
Auteur : Laurie PLA, Chargée de Communication Externe de TSM Consulting